Pour comprendre ce qu’est la Liberté religieuse, il faut revenir sur la problématique qui existait avant le Concile Vatican II (1962-1965).

Jusqu’à ce dernier, la Liberté religieuse était refusée par l’Église Catholique qui soutenait que le catholicisme était la religion officielle, avec refus de la liberté de conscience dans un état chrétien.

L’Église refusait la REFORME et les LUMIERES, mais elle s’est heurtée à la progression et même à la consolidation des États démocratiques.

La thèse de l’État chrétien a perdu de sa vigueur et la Liberté religieuse a été perçue autrement que comme déficience et faiblesse.

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Le Concile Vatican II a été réuni de 1962 à 1965 et va permettre une réflexion approfondie sur cette question, en adossant cette Liberté religieuse à une philosophie de la personne, considérée comme sujet de droit.

La déclaration DIGNITATIS HUMANÆ sur la Liberté religieuse a dit que le droit de la personne à la Liberté religieuse est un droit naturel et non plus seulement positif.

Bien plus, l’intolérance religieuse devient une impossibilité de droit pour l’Église.

En retour, l’Église demande la liberté d’association et d’expression dans le domaine public.

Mais le texte du Concile touche aussi un niveau existentiel et spirituel : il affirme la valeur de la recherche de la Vérité par l’homme, avec ses tâtonnements.

Le Concile Vatican II insiste, en effet, sur la recherche personnelle de la Vérité par la conversion et, se voulant œcuménique, la déclaration DIGNITATIS HUMANÆ reconnait que la requête de vérité de ceux qui n’ont pas abouti à la religion catholique n’est pas sans valeur ; leur recherche et leurs choix ont un sens.

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La définition de la Liberté religieuse qui est donc donnée dans la déclaration DIGNITATIS HUMANÆ est une première dans l’histoire de l’Église catholique, définition aidée par le contexte politique et social, reconnu comme positif par le pape Jean XXIII, dès l’encyclique PACEM IN TERRIS (1963), qui a joué en faveur de la reconnaissance de la Liberté religieuse.

Définition qui permet de progresser dans la réconciliation œcuménique désirée par Vatican II et de solder l’héritage des guerres de religion.

« Cette Liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte, qu’en matière religieuse, nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir dans de justes limites, selon sa conscience, en privé, comme en public, seul ou associé à d’autres. »

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Dans la Constitution GAUDIUM ET SPES, le Concile Vatican II vient compléter cette définition :

« L’Église n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain » (GS 44.12)

Le ferment évangélique est donc reconnu par le Concile, ferment qui n’a pas été absent des évolutions politiques qui ont conduit à la reconnaissance de la dignité de la personne humaine.

Vatican II va jusqu’à enraciner le respect de la liberté religieuse au cœur de la foi chrétienne.

Cette doctrine de la Liberté a ses racines dans la Révélation divine.

Finalement, « Chacun d’entre nous, rendra compte à Dieu pour soi-même » (Rm 14.12) et, pour autant, est tenu d’obéir à sa propre conscience.

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Le Pape émérite Benoit XIV, dans son message à l’occasion de la 44ième journée mondiale pour la paix, le 1er janvier 2011, a dit que la Liberté religieuse est une arme authentique de la paix, la Liberté religieuse étant « la synthèse et le sommet des Libertés fondamentales. »

Je vous invite à relire ce message qui me semble très important pour comprendre cette question difficile qu’est la Liberté religieuse.

J’ajoute que la Convention Européenne des Droits de l’Homme, signée le 4 novembre 1950, traite de cette question de la Liberté de religion dans son article 9, mais curieusement, n’énonce qu’en troisième rang cette liberté.

En effet, « Toute personne a droit à la liberté de penser, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. »

Il est donc clair que le texte de cette Convention ne se contente pas de traiter de la Liberté religieuse, puisqu’il ajoute la liberté de conviction, étant précisé que la Jurisprudence a considéré que le mot conviction n’est pas synonyme de simple opinion ou idée ; il s’agit bien plutôt d’une conviction personnelle profonde qui est donc reliée directement à la liberté de religion.

Il est donc délicat de critiquer cette formulation, d’autant plus, encore une fois, que la Convention fait bien état de la liberté de religion.

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En conclusion, nous pouvons imaginer l’application de cet article de la Convention à l’Église Catholique si celle-ci n’avait pas été renouvelée par le Concile Vatican II dans la formulation de la Liberté religieuse.